J'apprends aujourd'hui grâce à Anna Göckel, grande violoniste et pédagogue formidable, le rôle du deuxième temps de la Sarabande... et je sens de nouveaux horizons d'ouvrir ! Dans une Sarabande, danse à trois temps, comme celle de la Partita II de J.S. Bach, le deuxième temps est "glissé, horizontal" tandis que le premier est "vertical". Le deuxième temps prend son temps, pour laisser le mouvement se faire, et pour créer un déséquilibre et une tension qui sont résolus au premier temps de la mesure suivante. Car la beauté et la richesse d'une oeuvre reposent sur la liberté que prend l'artiste avec la notion du temps, sur les tensions et détentes qu'il crée, et sur les surprises dans lesquelles il nous emmène. Un temps "strict" ne créerait pas l'émotion et la tension comme le fait un temps "libre" : si l'on joue cette sarabande avec un métronome pour garder le tempo, on en perd l'âme et le sens. Oui peut-être.... mais toutes les libertés ne créent pas le même effet ! Quelle maîtrise il faut pour que le tempo de l'oeuvre, la respiration de la violoniste, la pureté du geste, la mémoire de la danse... pour que tout cela se rejoigne dans un mouvement fluide, épuré, qui résonne à ce point ! J'ai l'impression de batailler autant avec mon violon dans cette sarabande que lorsque j'essaye de faire un crawl efficace en pleine mer avec la houle....
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AuthorLaure Helfgott Archives
October 2020
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