En mai 2017, j'écrivais dans ce blog "pas de pression, pas de création" pour illustrer le rôle de la contrainte du temps (ou de l'argent) sur la créativité. Aujourd'hui, j'ai envie d'ajouter un autre élément essentiel à l'équation : la passion. Passion + Pression = Innovation Le "hic", c'est que la passion est plus difficile à décréter que la pression. En effet, on peut délibérément mettre des contraintes de temps et de ressources pour stimuler la créativité, mais on peut difficilement décréter la passion. La pression est un mouvement qui peut aller de l'extérieur vers l'intérieur, tandis que la passion ne peut aller que de l'intérieur vers l'extérieur. C'est quelque chose qui émerge, à partir d'une source profonde en nous, comme un élan de vie. Donc peut-être que notre mission, à l'aube de cette nouvelle année, pourrait être de partir à la recherche des éléments qui nous font vibrer et qui nous donnent la sensation d'être exactement là où l'on doit se trouver, dans le "flow". Comment ? Si l'on s'inspire de l'enquête appréciative, cela peut commencer par une expérience simple : raconter l'histoire, par écrit, du dernier moment où nous nous sommes sentis passionnés. C'est dans ce récit que nous pourrons trouver les fines traces de nos talents et de nos passions, pour ensuite les renforcer et les amplifier. Pour les partager et démarrer une discussion (passionnée) : [email protected] J'apprends aujourd'hui grâce à Anna Göckel, grande violoniste et pédagogue formidable, le rôle du deuxième temps de la Sarabande... et je sens de nouveaux horizons d'ouvrir ! Dans une Sarabande, danse à trois temps, comme celle de la Partita II de J.S. Bach, le deuxième temps est "glissé, horizontal" tandis que le premier est "vertical". Le deuxième temps prend son temps, pour laisser le mouvement se faire, et pour créer un déséquilibre et une tension qui sont résolus au premier temps de la mesure suivante. Car la beauté et la richesse d'une oeuvre reposent sur la liberté que prend l'artiste avec la notion du temps, sur les tensions et détentes qu'il crée, et sur les surprises dans lesquelles il nous emmène. Un temps "strict" ne créerait pas l'émotion et la tension comme le fait un temps "libre" : si l'on joue cette sarabande avec un métronome pour garder le tempo, on en perd l'âme et le sens. Oui peut-être.... mais toutes les libertés ne créent pas le même effet ! Quelle maîtrise il faut pour que le tempo de l'oeuvre, la respiration de la violoniste, la pureté du geste, la mémoire de la danse... pour que tout cela se rejoigne dans un mouvement fluide, épuré, qui résonne à ce point ! J'ai l'impression de batailler autant avec mon violon dans cette sarabande que lorsque j'essaye de faire un crawl efficace en pleine mer avec la houle.... |
AuthorLaure Helfgott Archives
October 2020
|