Un orchestre commence par s'accorder avant de jouer, se met d'accord sur un tempo et sur l'histoire qu'il a envie de raconter, et prévoit des répétitions partielles lorsque certains pupitres ont besoin de travailler en profondeur certains passages difficiles. Le chef d'orchestre soigne avant tout l'intention et le sens de la musique, car jouer les notes ne suffit pas ; elles ont besoin d'une direction et de liens entre elles pour former un tout cohérent et pour avoir un impact fort sur ceux qui les entendent.
Dans l'entreprise, il arrive que l'on oublie ces éléments. Un comité de direction oublie parfois de s'accorder en prenant le temps d'un tour de table, oublie parfois de préparer en amont les dossiers sensibles, oublie parfois de réfléchir à l'intention derrière les mots, et à créer l'histoire et le sens qui permettront l'impact qu'il recherche. Les ateliers musicaux de Zénon & Co permettent de développer l'écoute, la coopération, le leadership, et de se reconnecter à la créativité et à la part d'émotion présente dans toute action humaine. Semez la musique et récoltez l'harmonie !
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Liberté et Contrainte sont deux facettes qui me fascinent. L'une comme l'autre peuvent être paralysantes lorsqu'elle sont en excès comme lorsqu'elles sont insuffisantes.
Contrainte : Une partition de musique déjà écrite semble contenir TOUTES les indications nécessaires pour jouer, et semble ne pas laisser de marge de manœuvre, justement pour être la plus fidèle possible à l'intention du compositeur. Et pourtant, les interprètes lui donnent un caractère unique, et extrêmement variable d'un jour à l'autre et d'une personne à l'autre. Les meilleurs interprètes sont d'ailleurs souvent ceux qui prennent le plus de libertés, à l'intérieur du cadre strict de la partition. Je me suis amusée à faire une playlist sur Spotify qui ne contient qu'un seul morceau : Le 2nd mouvement du Trio opus 100 n°2 de Schubert, interprété par 17 trios différents. En passant d'un morceau à l'autre, après avoir entendu les premières mesures, on est sidéré de l'ampleur des variations. Tout bouge : le rythme, le son, le timbre, l'articulation, l'harmonie créée par les trois musiciens, l'équilibre général... Liberté : Le jazz semble, a priori, contenir toutes les libertés. On improvise, à plusieurs, en enrichissant et complétant ce que l'on vient d'entendre, en suivant un éventuel élan intérieur, on joue avec les "fausses" notes qui n'en sont plus, pour les incorporer dans un morceau qui émerge au fur à mesure, pour peut-être atteindre le "groove" ? Et pourtant. Le jazz a lui aussi besoin de contraintes pour fonctionner : des accords codifiés "D-7","G7", "C", des successions d'accords codifiées, "II-V-I", un nombre de mesures codifié : "8", "16". Éléments de cadrage nécessaires aux jazzmen pour se repérer et avancer ensemble, comme une carte topographique sur un terrain trop vaste pour l'oeil nu. Contrainte : Exécuter des tâches précises, dans un ordre imposé et minuté, pour suivre les étapes d'un Hackaton en équipes, et créer une innovation qui réponde à une question posée. Liberté : La même question posée aux mêmes personnes, sans étapes ni minutage ni émulation aboutit à ... un blanc ? Je croyais découvrir la liberté en apprenant le violon jazz. Je la redécouvre finalement en plongeant dans des partitions classiques ! Mais peut-être me fallait-il ce détour par le jazz pour mettre de la liberté dans les partitions classiques. Et vous, quelle dose de liberté vous accordez-vous devant vos partitions déjà écrites ? Et quelles doses de contraintes introduisez-vous dans vos pages blanches pour les structurer ? Quel est le bon dosage et comment le faire varier au fur à mesure que l'on avance ? Toujours à la recherche d'expérimentations qui permettent de faire et ressentir pour mieux apprendre, je vous présente aujourd'hui le "Music Lab" : le laboratoire où l'on développe le leadership et l'agilité... par la musique et l'improvisation. De quoi s'agit-il ? Des ateliers musicaux d'une demi-journée, en groupe de 10-20 participants, animés par des musiciens et coaches, pour expérimenter la créativité et l'innovation, et comprendre les conditions qui les stimulent ou les inhibent. Quels genres d'enseignements ? Les équipes, lorsqu'elles démarrent un nouveau projet, ont souvent le réflexe d'organiser, contrôler et structurer. Elles découvrent dans ces ateliers, par exemple, l'utilité et l'impact du test basique, de l'écoute, et des fausses notes dans le processus créatif. Elles ont ainsi l'occasion de repenser leur façon de coopérer et de créer. Cela leur permet aussi de tester et mettre en place des comportements plus propices à l'innovation et à la coopération : surmonter les réticences à apporter des idées imparfaites et inachevées, oser se lancer sans être 100% prêt, lâcher un peu la volonté de contrôler, développer l'écoute à tous les niveaux... et beaucoup d'autres ressources insoupçonnées. Qu'y fait-on ? Composer une musique en équipe, diriger un orchestre, improviser en duo sans se voir... et d'autres ateliers conçus en fonction des objectifs de la formation. Des pré-requis ? Aucun. Juste oser passer par des voies détournées pour mieux apprendre :-) Que ferions-nous en l'absence de date de représentation, date de concert, date de remise de rapport, date de soutenance de thèse, date de passage en codir....? Probablement pas grand chose. Ou pas maintenant, voire peut-être jamais.
La "deadline" sonne lugubre et la "date limite" semble dangereuse et pourtant, il est bien possible que les dates que l'on (se) fixe soient en fait des aides et non des contraintes. J'admire ce que des cadres dirigeants sont capables de produire, en plus de leur travail habituel, pour leur soutenance de mémoire, en fin de cursus ESCP Europe, Je suis impressionnée par la qualité des concerts de l'orchestre amateur où je joue, dont les programmes sont montés en 6 semaines avec des musiciens aux agendas très remplis, Quand je fixe une date pour tester un nouvel atelier, même si ce n'est qu'un prototype partiel et imparfait, je suis sidérée par la richesse de ce qui émerge, simplement par la mise en commun de talents et d'idées dans un laps de temps réduit. Le point commun de ces éléments ? Une date, fixée à l'avance, inamovible. Celle que l'on a en ligne de mire, qui se rapproche inéluctablement, qui nous angoisse parfois... et qui nous met en mouvement, irrésistiblement. ;-) Alors quelle sera votre prochaine "date de concert"? Save the date! J'ai découvert aujourd'hui (merci Hadrien!) le moteur de recherche Ecosia, qui plante des arbres au fur et à mesure des recherches faites par ses utilisateurs. Créée en 2009, cette entreprise sociale a déjà planté 41 millions d'arbres.
https://info.ecosia.org/about Voilà de quoi donner un peu d'espoir, entre deux lectures de Yuval Noah Harari ;-) https://www.ynharari.com/topic/ecology/ 25 dirigeants dans un auditorium pour pratiquer la conduite du changement ... en musique!
Ils ont tour à tour pris la baguette pour diriger leurs pairs, eux-mêmes aux prises d'instruments de musique qu'ils découvraient le matin même, et dans un contexte en mouvement permanent : le son. Défi relevé, avec beaucoup de souplesse et d'engagement, et récompensé par de vraies découvertes individuelles et collectives : l'impact colossal d'une bonne cohérence entre l'intention et l'action, le charisme qui ne rime pas nécessairement avec la force, ou encore la sensation du "bon" rythme qui permet d'embarquer les équipes sans les semer... Bravi Maestri! J'étais interviewée par Beeshake sur le Leadership vs. Followership, Apprendre vs. Désapprendre, Soft Skills vs. Hard Skills .... Et vous, que choisissez-vous ? The students from Option E Madrid - Entrepreneurship at ESCP Europe - performed a great exhibition @Espiritu23 on the 19th of September. In only 3 days, they had to learn and practice the art-thinking method: bartering, deviating, destroying, drifting, dialoging and finally displaying their artworks!
Many take-aways for their future start-ups in terms of innovation, prototyping and team dynamics, but also very inspiring artworks that they will probably never forget. And I have been personally impressed by one of them: "the Human Store": Deviating an Apple Store, the students questionned the obsolescence and our reaction to it: changing devices every two years. Would we do that with a lung or a heart? Congratulations to the whole promotion, you really did a great job, and I was proud and honoured to be your teacher, with Pierre Tectin! ;-) L'exposition "Détournement" de Stéphane Thidet vaut réellement le détour... et elle est accessible jusqu'au 31 août 2018.
Une partie de l'eau de la Seine est invitée à serpenter au coeur de la Conciergerie à Paris dans cette installation aussi impressionnante que poétique. En détournant un peu d'eau de la Seine hors de son flux habituel, Stéphane Thidet nous offre le temps de la voir d'un autre oeil, de la découvrir dans un nouveau contexte, mise en valeur et concentrée sur ce canal d'irrigation créé spécialement pour elle. C'est magique ! Je me suis demandé si on pouvait détourner aussi des pensées de la même manière. Au lieu de laisser le flux de toutes les pensées circuler comme d'habitude, en prendre une seule, la sortir du flux, et la mettre dans un autre contexte, la détourner, lui faire voir d'autres lieux, lui préparer une installation spéciale, et voir comment elle évolue dans ce nouveau chemin. Il m'arrive parfois d'aller courir en emportant une idée à creuser, à élaborer, pendant la course. Et souvent, l'idée évolue et prend de nouveaux chemins pendant cette sortie en baskets. C'est moins poétique que l'eau dans la conciergerie, mais ça m'aide parfois à avancer ! Et vous qu'auriez envie de détourner aujourd'hui ? (non, pas "des fonds", non ;-) Le Requiem de Mozart m'accompagne depuis bientôt 44 ans : je l'écoutais enfant, assise par terre près de l'enceinte dans ma chambre avec mon frère - on éteignait les lumières pour "écouter encore mieux"-, il m'a hantée dans le film "Amadeus", il m'a transportée quand je l'ai joué avec l'orchestre du Conservatoire de Boulogne-Billancourt, et il continue à me transporter à chaque fois que je l'écoute.
Et là, grâce à Aliette de Laleu @alaleu et ses chroniques et tweets qui exhument le meilleur de la musique et des musiciens, je savoure cette version sublime, jouée par l'Orchestre National de France, dirigé par James Gaffigan dans la basilique de Saint Denis. Si vous avez 46 minutes et 44 secondes devant vous, écoutez l'oeuvre en entier. Si vous n'avez pas le temps, commencez la vidéo à 10'00'' pour écouter au moins le Tuba Mirum. Et jetez un oeil à la minute 46'44'', regardez comme James Gaffigan laisse les derniers sons se dissoudre, le silence s'installer totalement, et comme ce silence est dense et intense. Sublime. |
AuthorLaure Helfgott Archives
October 2020
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